Un mapou vient de tomber.
Une de ces grandes racines de l’esprit haïtien, dont l’ombre abritait la pensée, la culture, et l’art tout entier.
Le Dr Michel Philippe Lerebours s’est éteint dans la nuit du 25 octobre 2025, à l’âge de 92 ans, laissant derrière lui un héritage que nul vent ne pourra emporter.
Historien de l’art, archéologue, dramaturge, enseignant, chercheur, penseur… il fut tout cela, et davantage : un passeur de savoir, un conteur de beauté, un éclaireur de l’âme haïtienne.
Diplômé de la Sorbonne, professeur à l’Université d’État d’Haïti, il aura traversé le siècle en semant partout des graines de lumière — dans les salles de cours, sur les scènes de théâtre, dans les musées, et jusque dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de l’écouter.
Sous sa plume, Haïti prenait forme et couleur.
Ses mots savaient peindre comme un pinceau : des toiles de Saint Soleil aux mystères de l’habitation sucrière, des voix de Coumbite aux échos du Collège Saint-Pierre.
Il connaissait le langage des formes et celui du silence. Il savait dire l’invisible.
Fondateur et directeur de l’École Nationale des Arts (ENARTS), conservateur du Musée d’Art Haïtien du Collège Saint-Pierre, artisan du MUPANAH, il avait consacré sa vie à bâtir les temples où la mémoire d’Haïti respire encore.
Sa rigueur, sa sensibilité, sa passion ont façonné des générations d’artistes et de penseurs.
Aujourd’hui, l’intelligentsia haïtienne se recueille.
Le monde littéraire, la communauté universitaire, les amants de l’art et de la pensée saluent un maître, un phare, un homme d’exception.
Mais si un mapou tombe, sa sève demeure.
Dans chaque œuvre qu’il a inspirée, dans chaque élève qu’il a guidé, dans chaque mot qu’il a ciselé, le Dr Lerebours continue de veiller.
Qu’il poursuive désormais son voyage vers la lumière,
là où reposent les grands esprits de notre culture, ceux dont la pensée ne meurt jamais.
Doktè Lerebours ou kite dèyèw yon peyi kap toujou sonje w, yon pèp ki di w mèsi, pou tout saw te ye e pou tout saw kite kòm zèv.
Profèsè ChapoBa!

