Appels à une nouvelle force internationale anti-gangs en Haïti

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Les Etats-Unis et Haïti ont appelé lundi à soutenir la transformation de la mission multinationale épaulant la police haïtienne en une « force de répression des gangs » plus robuste, avant un prochain vote incertain au Conseil de sécurité de l’ONU.

Les Etats-Unis et Haïti ont appelé lundi à soutenir la transformation de la mission multinationale épaulant la police haïtienne en une « force de répression des gangs » plus robuste, avant un prochain vote incertain au Conseil de sécurité de l’ONU.

Pour tenter d’enrayer les exactions des gangs qui contrôlent la quasi-totalité de la capitale Port-au-Prince, le Conseil de sécurité de l’ONU avait donné son feu vert en 2023 à la création de la Mission multinationale de sécurité (MMAS), menée par le Kenya, pour aider la police haïtienne dépassée.

Mais la force, sous-équipée et sous-financée, n’a déployé qu’un millier d’hommes sur les 2.500 espérés et ses résultats sont mitigés.

La MMAS « demeure limitée dans sa capacité d’action », « n’a pas encore pu sécuriser durablement l’ensemble du territoire national et les gangs ont exploité ces lacunes pour se réorganiser et étendre leur influence », a commenté lundi le président du Conseil présidentiel de transition haïtien Laurent Saint-Cyr lors d’une réunion à l’ONU, soutenant l’initiative proposée par les Etats-Unis et Panama.

Ces deux pays ont lancé ces dernières semaines des discussions au Conseil de sécurité pour transformer la MMAS, dont le mandat expire début octobre, en une « force de répression des gangs ».

Selon le dernier projet de texte vu par l’AFP, la nouvelle force compterait jusqu’à 5.550 « personnels en uniforme », à la fois policiers et soldats, et non plus seulement des policiers.

Elle serait accompagnée par la création d’un « bureau de soutien de l’ONU », suggéré il y a plusieurs mois par le secrétaire général Antonio Guterres pour fournir le soutien logistique et financier nécessaire.

Le nouveau mandat « donnerait à la force le pouvoir de s’attaquer aux gangs de manière proactive, et de restaurer la sécurité en Haïti tout en assurant qu’elle a les outils appropriés » pour notamment « réduire le territoire sous contrôle des gangs », a expliqué le secrétaire d’Etat américain adjoint Christopher Landau.

« Leçons du passé » 

« Malheureusement, l’adoption de cette résolution n’est pas gagnée. Malgré le soutien majoritaire du Conseil de sécurité, certains pourraient essayer d’empêcher son adoption ou ralentir notre réponse envers Haïti », a-t-il ajouté.

Selon une source diplomatique, la Russie et la Chine, qui ont un droit de veto, n’ont pour l’instant pas vraiment participé aux négociations sur le projet de résolution. Les Chinois s’étaient déjà montrés sceptiques sur la pertinence de la MMAS sans transition politique en Haïti.

« Nous soutenons la poursuite du rôle important de la mission et sommes prêts à discuter avec toutes les parties et à explorer toutes les voies possibles et réalisables », a assuré lundi l’ambassadeur chinois adjoint Geng Shuang, insistant sur la nécessité d’une « évaluation complète » et de tirer « les leçons du passé ».

Le président kényan William Ruto a lui salué les « discussions concernant la succession » de la MMAS, tout en regrettant qu’elle n’ait pas eu les moyens nécessaires pour mener sa mission pour aider les Haïtiens.

« J’attends avec impatience la participation du Kenya à la transition, une fois qu’il y aura un accord sur la prochaine mission. Le Kenya ne quittera pas Haïti à la hâte », a-t-il ajouté.

Il a toutefois estimé que les résultats de la MMAS était « trop souvent sous-estimés ».

« Quand le premier contingent est arrivé il y a un an à Port-au-Prince, peu de gens pensaient qu’un Boeing 787 pourrait un jour se poser à l’aéroport local sans risquer d’être abattu », a-t-il lancé, assurant que les autorités avaient repris le contrôle du port et du palais présidentiel et que le quartier général de la police était désormais sécurisé.

Haïti subit depuis longtemps la violence des bandes criminelles, qui commettent meurtres, viols, pillages et enlèvements, dans un contexte d’instabilité politique chronique.

La situation s’est encore largement détériorée depuis le début de l’année 2024, lorsque les gangs avaient poussé le Premier ministre de l’époque Ariel Henry à la démission. Le pays, qui n’a pas connu d’élections depuis 2016, est depuis dirigé par un Conseil présidentiel de transition.

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