Haïti est prête pour une révolution.
Pas une révolution de violence, mais une révolution de conscience, de vision et de courage.
Une révolution réussie n’est pas un soulèvement aveugle, c’est un sursaut lucide, préparé, porté par l’évidence des réformes que tout un peuple reconnaît comme nécessaires — de la gauche à la droite, du Nord au Sud, du paysan à l’intellectuel.
C’est ainsi qu’Haïti est née en 1804 : d’un consensus national autour d’une idée simple mais absolue — la liberté ou la mort.
Et c’est ainsi qu’elle s’est relevée encore, de 1946 à 1950, sous l’impulsion du président Dumarsais Estimé, qui fit de la libération économique, de l’éducation des masses et du développement agricole les piliers d’un rêve haïtien fondé sur la dignité.
Estimé voulait une nation où chaque artisan, chaque ouvrier, chaque jeune trouve sa place et son avenir. Aujourd’hui encore, l’histoire nous appelle. Les réformes à accomplir sont connues de tous :
Haïti est trop centralisée.
Le citoyen est trop loin de l’État.
La mobilité sociale est étouffée.
Notre école, jadis outil de liberté, ne joue plus son rôle.
Notre système de santé, fragile et inégal, oublie la prévention. Et la fracture entre Port-au-Prince et la province devient une plaie nationale.
Tout cela, nous le savons. Tout cela, nous le disons depuis trop longtemps. Mais il est temps, désormais, de le faire. Ce moment de vérité, ce « Big Bang » révolutionnaire dont la nation a besoin, ne doit pas être une explosion de colère, mais une renaissance de volonté. Une révolution tranquille, un pacte de refondation, un consensus sacré autour du progrès, de la justice et de la responsabilité.
Haïti peut redevenir Haïti. Non pas celle des ruines et du désespoir, mais celle du courage, de l’intelligence et de la grandeur. Celle que Dessalines, Pétion, Christophe, Estimé et tant d’autres avaient rêvée : une patrie forte, libre, fraternelle et juste.
Le temps n’est plus aux discours vides.
Le temps est venu de réconcilier le pays avec lui-même. Car une seule révolution nous sauvera : celle du cœur, de l’esprit et de la nation unie.


