À l’occasion du début de la COP30 à Bélem au Brésil, nous revenons sur le cas d’Haïti. Patrick Saint-Pré, de l’ONG Haïti Climat, explique les multiples vulnérabilités de son pays face au dérèglement climatique. Une interview par Peterson Luxama.
« Je n’attends pas qu’on fasse de la charité à Haïti, mais plutôt l’équité », affirme Patrick Saint-Pré, de l’ONG Haïti Climat. Pour lui, les pays développés doivent enfin passer des promesses à l’action, en ce qui concerne le soutien financier obligatoire aux pays les plus vulnérables. Il plaide pour un triplement du financement de l’adaptation, un véritable transfert de technologies et un renforcement des capacités des États comme Haïti, « sans se contenter de simples gestes de bonne volonté ». Belém, insiste-t-il, doit prouver que la solidarité climatique n’est pas un slogan. Selon Patrick Saint-Pré, Haïti est aujourd’hui le troisième pays le plus vulnérable au monde face au changement climatique, et subit une accumulation de chocs : ouragans, inondations, glissements de terrain, sécheresses. Des catastrophes amplifiées par une fragilité structurelle : institutions faibles, pauvreté, infrastructures délabrées.
À cette vulnérabilité s’ajoute l’emprise croissante des gangs, qui freine toute capacité de réponse. L’insécurité détourne les ressources publiques vers un « budget de guerre », au détriment de l’adaptation climatique. Les zones agricoles, comme la vallée de l’Artibonite, sont paralysées, la gouvernance s’affaiblit et les catastrophes naturelles deviennent encore plus dévastatrices faute de secours possibles. Les déplacements internes de populations, fuyant la violence, aggravent encore la dégradation environnementale : habitats informels, déforestation, urbanisation anarchique. Un cercle vicieux où insécurité et dérèglement climatique se nourrissent mutuellement.




